29 janvier 2014

Physiologie de l'hibernation


Si nous pouvions suivre les pulsions naturelles de la physiologie de l’hibernation, en principe, nous aurions beaucoup mangé en automne, et en ce moment, nous serions en train de dormir dans notre trou jusqu’au printemps, mais…

Le message s’adresse plus particulièrement aux populations vivant au nord du 40e parallèle.

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L’hypothalamus est extrêmement sensible à la lumière. Il est biologiquement fait pour entraîner le corps et le cerveau dans le rythme des saisons en traquant de près l’allongement ou la diminution des journées. Lorsqu’il est orienté correctement, le contrôle de l’hypothalamus sur la sécrétion des hormones et des neurotransmetteurs est extrêmement précis.
       Lorsque les jours raccourcissent avec l’arrivée de l’automne puis de l’hiver, près d’une personne sur trois ressent un changement dans son énergie et ses impulsions. Ces changements semblent inspirés de la physiologie de l’hibernation : des nuits longues, un réveil difficile, une envie constante de pain, pommes de terre, pâtes, chocolat, bonbons, une baisse d’énergie et de la libido, une perte de motivation pour les projets nouveaux, des pensées ralenties… Entre les mois de novembre et mars, pour près de 10% des gens qui vivent au-dessus du 40e parallèle (Madrid en Europe, New York en Amérique), ces symptômes prennent la proportion d’une véritable dépression [par exemple, la sécrétion de la mélatonine – l’hormone du sommeil – commence la nuit quelques minutes après l’extinction des lampes si celle-ci a lieu à l’heure habituelle. Elle continue toute la nuit et, le matin, s’interrompt en quelques secondes avec la moindre exposition à la lumière].
       Le plus frappant, c’est que ces symptômes sont bien davantage physiques que psychologiques. Ce n’est pas étonnant, puisqu’ils sont plus le fruit d’un changement des rythmes que la conséquence d’une douleur émotionnelle.

Simuler l’aube naturelle

Il est sept heures et il fait nuit noire. La sonnerie du réveil déchire le calme et interrompt votre rêve. Les paupières lourdes, vous dirigez votre main avec difficulté vers l’intrus pour le faire taire. «Encore cinq minutes…», plaidez-vous piteusement. La journée commence mal. Mais comment faire autrement? Eh bien, en branchant un appareil tout simple sur votre lampe de chevet. Vous souhaitez vous lever à sept heures? Dès six heures quinze, l’appareil se met à éclairer la chambre. Tout en douceur, il stimule l’apparition – d’abord très lente puis de plus en plus rapide – de la lumière de votre nouvelle journée. Vos yeux, mêmes fermés, sont très sensibles à ce signal, qui est le déclencheur du réveil pour toutes les espèces animales depuis la nuit des temps. C’est ce signal que votre cerveau émotionnel a appris à reconnaître au cours des millions d’années d’évolution. Ce signal de l’aube, notre cerveau et notre corps y sont parfaitement adaptés. Dès les premiers rayons de lumière à travers nos paupières closes, aussi douce soit-elle, l’hypothalamus reçoit le message qu’il est temps d’organiser une transition hors du sommeil. Du coup, le réveil se fait naturellement et en délicatesse, sans interrompre un rêve qui aura compris qu’il doit se conclure de lui-même. La sécrétion matinale du cortisol se déclenche, la température du corps entame son ascension journalière. Lorsque l’intensité de la lumière augmente encore un peu, l’activité électrique du cerveau qui caractérise le sommeil profond entame elle aussi sa transition vers le mode du sommeil léger puis du réveil complet. Pour ceux que cette douceur inquiète, certains appareils sont dotés d’une «sonnerie de rattrapage», au cas où le signal de la lumière n’aurait pas été suffisamment efficace…
       …Il semble que la simulation de l’aube soit remarquablement efficace pour traiter les symptômes d’hibernation associés à la dépression saisonnière. (…) Il semble que le cerveau soit encore plus réceptif à cette méthode naturelle qu’à l’imposition d’une lumière vive artificielle.

[Servan-Schreiber relate ici les résultats étonnants de la technique chez les utilisateurs.]

Un des aspects les plus fascinants de la simulation de l’aube est sans doute le fait que cela peut-être bénéfique pour chacun de nous, que l’on soit déprimé ou non, que l’on soit stressé ou non. (…) Aujourd’hui, la simulation de l’aube semble être une solution tellement évidente au problème qu’on se demande pourquoi personne n’y a pensé plus tôt. Pourquoi se réveiller encore au son strident d’un réveil qui vient bousculer tous nos rythmes biologiques, alors qu’il est possible d’atterrir en douceur dans chaque nouvelle journée selon les règles naturelles de l’évolution?
       Il est même possible que cette technologie – quasiment transparente puisqu’elle ne demande aucune modification de nos habitudes de vie – ait une influence sur bien d’autres symptômes que les variations saisonnières de l’humeur ou les réveils difficiles. (…)

Source :
Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse 
David Servan-Schreiber
Coll. Réponses, Robert Laffont (2003)

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On dit, bien sûr, que la meilleure thérapie contre la dépression saisonnière reste la lumière naturelle. «Je n'ai jamais vu un skieur assidu souffrir de dépression hivernale», dit le Dr Iskandar, un spécialiste de ce type de dépression.
       La combinaison soleil/neige est assurément une source de lumière particulièrement intense; encore faut-il que le soleil soit au rendez-vous…

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