15 janvier 2016

Je me fiche de...

On n’entend parler que de René Angélil depuis son décès. J’ai zappé des chaînes radio et des sites de nouvelles par curiosité ce matin. Il semble que le mégalomane, aux ambitions financières insatiables, continue de contrôler la machine à dollars médiatique même une fois décédé! Overdose.


Caesars Palace. Ironiquement à l'image de la Rome décadente -- un jour, l'eau vint à manquer...

Sincèrement, je me fiche des Dion/Angélil, Bowie, Lady Gaga, et de toutes les pop stars du showbiz, cinémabiz, sportbiz, etc. Certaines icones possèdent un réel talent, bien sûr. Néanmoins, il y a une légion de célébrités, d’athlètes, de super modèles, d’acteurs et, au plus bas niveau de la chaîne, des individus sans talents qui ne présentent aucun intérêt mais qui remportent quand même du succès à force de moussage publicitaire.

Je ne les blâme pas de vouloir profiter des opportunités que la culture populaire leur offre; ce sont de véritables entrepreneurs qui comblent un vide dans le business, avec des produits – eux-mêmes – que la populace semble vouloir acheter. Et il faut admettre que dans une mince mesure, ils contribuent à l’économie globale : vente de billets, revenus publicitaires, hausse des cotes d’écoute et de fréquentation web, vente de magazines et de journaux à potins, sans oublier la création de jobs, en particulier pour la famille et les innombrables amis qui soutiennent leur important réseau de marketing.

À cause de son handicap, on ne photographiait jamais Roosevelt de plain-pied pour ne pas ternir l’image de force et de pouvoir qu’un président devait dégager. Aujourd’hui, les médias électroniques permettent de diffuser massivement des images et des infos sur les stars – vie sexuelle, divorces, couleur de sous-vêtements et petits-déjeuners, maladies, frasques, démêlés judiciaires, etc. Étant donné que les téléphones cellulaires ont remplacé les paparazzis, les managers ont un peu moins de contrôle sur l’image de marque de leurs stars. Ce qui me gêne c’est l’envahissement. À moins de tout fermer (radio, télé, connexion internet, etc.), il est difficile d’échapper au délire médiatique. On les retrouve toujours dans un quelconque recoin de page web dont le thème n'a rien à voir.

Je comprends qu’il y ait des fans curieux de suivre 24/7 le quotidien de leurs stars préférées. On dirait qu’ils valorisent la vie des célébrités davantage que leur propre vie. C’est peut-être dû à un sentiment d’impuissance, de sorte que plonger dans la trivialité leur permet de fuir la réalité. La connexion permanente à des choses insignifiantes détourne notre attention des enjeux réels de notre monde et peut aussi nous empêcher d’avoir un réel impact sur notre propre vie. Or il y a beaucoup de choses qui nécessitent une attention vigilante, et il faut être correctement informé pour faire des choix éclairés.

Je n’ai rien contre le divertissement ni les gens qui gagnent beaucoup d’argent honnêtement. Cependant je suis loin d’admirer béatement les autocrates financiers du showbiz et leur démesure. Quand quelqu’un meurt on a tendance à soudain lui attribuer une auréole de bonté et de magnanimité et à oublier ses inconduites – les pires mécréants en bénéficient.

Je n’ai qu’une question : comment fait-on pour concilier Las Vegas – capitale mondiale du clinquant, du factice, du capitalisme sauvage, du jeu, de la corruption, du porno et de la prostitution, de la drogue, de la pollution environnementale (1) – et conscience humanitaire et environnementale? Pas étonnant que le beau monde qui profite de ce commerce donne éventuellement dans le mécénat. D’abord pour se donner bonne conscience, ensuite parce que c’est une façon plus respectable de blanchir de l’argent qui normalement serait alloué à plus de poker et plus d'hyper-gratification personnelle. Au moins ça de gagné pour les perdants du mauvais côté de la clôture.

Non, je ne pleurerai pas René Angélil, si généreux fut-il à l’égard de certaines œuvres caritatives, de sa famille et de ses amis. Ce serait comme pleurer la mort d’un banquier de Wall Street. Car en ce moment même, il y a des situations planétaires d’une gravité sans précédent qui méritent davantage de nous faire gémir.

(1) À lire si vous ne connaissez pas l’histoire de cet oasis artificiel et sa difficulté de se maintenir à niveau : https://fr.wikipedia.org/wiki/Las_Vegas

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