30 avril 2015

Le côté sale du nuage

Photo : carte du câblage web sous-marin, août 2013. Ahurissant, non? Et tout ça n’aurait aucun effet sur la santé physique de la faune marine et terrestre et des humains? Que dire de notre santé mentale? Il faut avoir la tête dans les nuages (noirs) pour penser que les conséquences environnementales puissent être bénignes.

On parle constamment des informations disponibles «dans le nuage», mais ces données auxquelles on accède peu importe où l'on se trouve ont besoin d'être logées physiquement quelque part. Avec l'explosion de l'infonuagique vient le besoin grandissant de centres de données pour les héberger. (La Sphère, ICI Radio Canada, Première, 25 avril 2015)

En effet, la question revient souvent parce que le web est un monstre énergivore sans équivalent. 
   Internet coûte extrêmement cher à la planète  en énergies sales. Nos communications magiques dévorent du charbon, du nucléaire...  et décapitent des montagnes. Les structures matérielles de routage et de stockage courent sous les océans, dans le sous-sol, dans les airs. 
   L’an dernier, le documentaire Internet, la pollution cachée m’a fait prendre conscience de cette réalité invisible. C’est effrayant, j’ai eu un choc. Tellement, que j’envisage un défi : un an sans Internet. Il est impossible de l’éliminer totalement car on nous l’impose dans divers secteurs essentiels (services gouvernementaux, etc.), mais je pensais à tout le reste... 
   Les visiteurs qui me lisent régulièrement savent que je n’ai ni téléphone intelligent ni tablette. On pourrait conclure que je suis contre mais ce n’est pas le cas, j’apprécie Internet. Néanmoins, je regrette la pollution, l’esclavage et l’abrutissement qu’entraînent les jouets électroniques dans leur sillage. Jeûner c’est bon pour la santé.

“How clean is your cloud?” ~ Gary Cook (Rapport Green Peace, 2012)

Photo : via ICI Radio-Canada

Internet, la pollution cachée
Documentaire 2013 © Camicas Productions

Résumé par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences 07/10/2013 

Au festival international du film scientifique Pariscience organisé par l’association Science Télévision : Internet. Question : que se passe-t-il lorsque je clique sur «envoyer» après la rédaction d’un courriel? Un étonnant reportage de Coline Tison et Laurent Lichtenstein nous l’explique et nous fait découvrir des millions de kilomètres de câbles, des data centers pompant autant d’électricité qu’une petite ville, et des serveurs qui pourraient chauffer des quartiers entiers… 
   Quelle quantité d'énergie absorbent nos activités sur le Web? Elle est énorme et croît très vite, comme le montre le documentaire Internet, la pollution cachée. Les deux réalisateurs ont interrogé ceux qui font transiter les données, ceux qui les stockent et ceux, collectivités locales ou industriels, qui cherchent à anticiper les besoins futurs. 
   Internet, c’est magique. Internet, c’est virtuel. Plus de papier pour écrire un courrier. Plus de support physique pour conserver une photographie. L’information est devenue immatérielle. C’est ce que beaucoup pensent. La journaliste Coline Tison et le documentariste Laurent Lichtenstein, les réalisateurs de Internet la pollution cachée ont suivi les câbles. Des millions de kilomètres, en cuivre ou en fibres optiques, qui transportent nos mails et nos téléchargements. Ils ont interrogé les acteurs de cette industrie discrète : fournisseurs d’accès, responsables de data centers, ou encore spécialistes de Greenpeace et ceux qui, déjà, investissent dans des technologies moins gourmandes et plus économiques. 
   Même pour le connaisseur, même pour le geek, ce que donne à voir Internet la pollution cachée, est étonnant. Humainement présentée, avec pour fil rouge Rebecca, nouveau-né dont les parents envoient dès sa naissance des dizaines de photos sur le Web, et qui se multiplieront chez la famille et chez les amis, l’histoire montre les coulisses d’Internet, avec sa tuyauterie et ses serveurs.

Trouver suffisamment d'électricité : un enjeu pour les data centers

En guise d’apéritif, une avalanche de chiffres donne la mesure de la planète Internet. Un courrier électronique parcourt en moyenne 15,000 km entre deux ordinateurs, car la ligne droite n’est pas le plus court chemin. La photo de la petite Rebecca transitera sans doute par les États-Unis, pour aller de l’ordinateur de ses parents à celui de leur voisin de quartier. En une heure, les Terriens expédient aujourd’hui dix milliards d’emails.
   La consommation électrique que ce transport induit représente la production de 15 centrales nucléaires pendant une heure. En équivalent-pétrole, le calcul amène à 4000 tonnes. C’est là où les réalisateurs veulent en venir : au pendant énergétique de notre activité sur les réseaux informatiques. «Nous avons retenu une énergie de 5 Wh pour un courrier simple et de 24 Wh pour un envoi avec une pièce jointe de 1 Mo», rapporte Coline Tison, interrogée par Futura-Sciences. 
   «Ce n’est pas le transport, avec les dizaines de milliers de kilomètres parcourus par un simple courrier, qui consomme le plus, nous explique-t-elle. De très loin, c’est le stockage dans les data centers, avec les serveurs et les disques durs, ainsi que les sauvegardes dans d’autres machines.» Et le courrier électronique n’est pas le seul générateur de données, un simple achat en ligne produit beaucoup d’octets.

Éviter la surchauffe et imaginer l’Internet écoresponsable?

De Google à Apple en passant Microsoft et les fournisseurs d’accès à Internet, ces centres de données sont devenus de véritables points névralgiques. Avec la sécurité, la consommation électrique est leur principal problème. Le reportage nous emmène en banlieue nord de Paris où se concentrent plusieurs installations de ce genre, qui accaparent parfois autant de courant électrique que le reste de la ville dans laquelle ils se trouvent. Aux États-Unis, le documentaire se promène dans les montagnes Appalaches de Virginie Occidentale. Là, plusieurs géants d’Internet, comme Facebook, ont établi leurs quartiers pour être au plus près de centrales thermiques, lesquelles creusent les sommets pour en extraire le charbon dans des mines à ciel ouvert
   La progression de cette orgie d’octets peut donner le vertige. «Entre 1990 et 2003, notre monde virtuel a produit cinq millions de giga-octets de données. En 2011, il fallait 48 h pour générer cette même quantité. En 2013, il faut seulement dix minutes.» Le documentaire n’est pas pour autant un film catastrophe. «Nous avons voulu désamorcer ce mythe de l’Internet virtuel et magique, et plutôt inviter à une prise de conscience», nous explique Laurent Lichtenstein, féru de vulgarisation scientifique et qui avait déjà filmé l’exploration... du mont Olympe sur Mars. Nous découvrons ainsi l’étonnant congrès de Green Grid, une organisation qui veut organiser le business de l’informatique moins consommatrice. Sans oublier cette entreprise française, Qarnot Computing, qui transforme les serveurs… en radiateurs pour chauffer les habitations ou les locaux professionnels.

Source :
http://www.futura-sciences.com/magazines/high-tech/infos/actu/d/informatique-festival-pariscience-internet-pollution-cachee-decouvrir-49381/  

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