22 décembre 2016

À découvrir : le pianiste et compositeur Jean-Michel Blais

L’album «Il» : un superbe cadeau des Fêtes. Une diversion bienvenue aux jingles de Noël qu’on nous impose dès qu’on met les pieds dans une quelconque boutique.
Pu capabe.

Un aperçu : Piano Day 2016 performance CBC Music



In honour of Piano Day, Montreal-based pianist Jean-Michel Blais performs compositions from his forthcoming debut album “Il” live in CBC Music Studio 211.

Biographie
Source : Bondsound

Jean-Michel Blais, 31 ans, est un pianiste montréalais. Ses compositions envoutantes conjuguent la sensibilité pop de Yann Tiersen et de Chilly Gonzales à la maîtrise technique de pianistes classiques minimalistes comme Philip Glass et Erik Satie. Né à Nicolet, le jeune Jean-Michel grandit dans un milieu éloigné des arts et n’a chez lui, pour toute lecture, qu’une gigantesque encyclopédie qu’il passe des heures à dévorer. À l’âge de 9 ans, il commence à pianoter sur l’orgue familial, improvise des mélodies et, à 11 ans, écrit ses premières compositions. Il débute aussi à ce moment des leçons de piano. Véritable talent naturel, il est invité, à 16 ans, à entrer au Conservatoire de musique de Trois-Rivières, où il commence des études en piano classique. Mais Jean-Michel, alors en pleine adolescence, se rebelle rapidement contre cette formation qu’il trouve contraignante et rigide. Il veut expérimenter et n’aime pas qu’on lui dise comment jouer, ni qu’on l’empêche d’improviser et de composer. 
     Quelques années plus tard, il attire l’attention de l’auteur et metteur en scène Robert Lepage, qui le présente au gratin du milieu artistique québécois. Sans plan de carrière bien précis en tête, le pianiste se retire promptement et décide de poursuivre ses explorations. 
     Dans la mi-vingtaine, il part vivre à Berlin et passe plusieurs mois en Amérique du Sud. Il compose de la musique, mais traverse aussi de longues périodes sans même toucher à un piano. De retour à Montréal, il redécouvre son amour pour la composition et attire à nouveau l’attention, cette fois de l’étiquette Arts & Crafts. Composé sur deux ans au fil d’improvisations quotidiennes «Il» premier album de Jean-Michel Blais, a été lancé le 8 avril 2016.

http://www.bonsound.com/fr/artiste/jean-michel-blais/

Le pianiste classique Jean-Michel Blais sort de l’ombre et souhaite que ses publics soient constitués à la fois de hipsters et de grand-mères.

Par Valérie Thérien
Magazine VOIR

Jean-Michel Blais est un nom qui ne vous est sans doute pas familier. Depuis quelques années, en fait, il gagne sa vie en tant que professeur au Cégep en éducation spécialisée. Mais la musique classique a fait partie de sa vie assez longtemps et c’est aujourd’hui qu’il sort de l’ombre, à l’occasion de la sortie du très bel album de solo piano Il sur la maison de disques canadienne Arts & Crafts.
     C’est un artiste au parcours intriguant donc on va vous en tracer le portrait. Ayant grandi à Nicolet, Jean-Michel est assoiffé de découvrir le monde et plonge dans la musique. Doué, il est admis au Conservatoire de musique de Trois-Rivières, mais son tempérament est un peu trop réactionnaire pour l’établissement. «Avant de présenter les pièces, j’expliquais aux gens ce que j’allais jouer, ce qui mettait ma prof sans dessus dessous. J’allais jouer en pantoufles aussi. Je disais : «la musique c’est pour les aveugles! C’est pour les oreilles!» Avec des amis on faisait des reprises des années 1980. Bref, j’ai toujours voulu sortir de ce cadre-là. Pour enfreindre une limite, il faut qu’il y ait une limite, donc le cadre est créatif. Les limites sont parties prenantes de la créativité dans mon cas.»
     Autour du Cégep, il sent qu’il manque de vision et décide d’aller se chercher ailleurs, en voyageant et en s’accompagnant des mots de grands philosophes. Si le métier de professeur rend sa vie relativement confortable et qu’il avait un peu mis sa musique de côté, il se trouve maintenant à être sous contrat chez l’un des plus importants labels indépendants au Canada, Arts & Crafts.
     «Je sais qu’un jour je vais avoir une décision à prendre», admet-il. «Musicalement, c’est un timing qui ne pourrait ne pas se reproduire. Je pourrais pas dire à l’étiquette de disque : «revenez me voir dans 5 ans»… J’ai envie de me lancer et voir comment ça se passe. Je vais essayer d’allier les deux. Peut-être qu’à 16 ans j’aurais dis : «oui, je veux faire de la musique dans la vie», mais aujourd’hui y’a un côté ben rationnel-réaliste.»

L’Oreille du hipster moyen

L’association avec Arts & Crafts est intéressante puisqu’elle met en lumière une certaine ouverture d’un label qui propose habituellement de l’indie-rock (Feist, Timber Timbre, Ra Ra Riot etc.). Avec l’ajout de Jean-Michel, l’étiquette plonge vers de nouveaux défis la musique classique et plus «de niche».
     Jean-Michel a été repéré par Cameron Reed d’A&C un peu par hasard alors qu’il cherchait des nouveaux artistes intrigants à mettre sous contrat. Questionné à propos de cette signature avec un pianiste classique chez Arts & Crafts, Cameron Reed dit qu’il n’y voit là rien de bien spécial. «On veut avant tout sortir de bons disques, tout simplement», dit-il. Cameron a tout de suite vu le potentiel du pianiste et c’était réciproque pour Jean-Michel.
     «Ce qui m’a allumé, dit Jean-Michel, c’est que Arts & Crafts a soutenu beaucoup Chilly Gonzales dans les dernières années donc je me suis disais: «Même si on n’a pas du tout la même attitude sur scène ou le genre de son, y’a du piano solo. Je pense que ma musique est un complément intéressant aux artistes qui sont là.» 
     L’album Il était déjà sorti en ligne, de façon indépendante, quand Cameron Reed a pris connaissance du travail de Jean-Michel. L’étiquette de disque le sort donc à nouveau avec son sceau d’approbation. L’oeuvre est intimiste et chaleureuse, dotée de bonnes mélodies, de passages émouvants et il nous fait voyager. Il est aussi comme un petit cocon. On y entend sur l’enregistrement ici et là un plancher qui craque, des enfants qui s’amusent dans la ruelle ou un klaxon de voiture. Ce sont tous des bruits naturels de l’environnement dans lequel il a choisi d’enregistrer le disque : sa chambre.
     «Quand je suis arrivé pour enregistrer l’album, j’ai eu mon réflexe classique : j’avais une belle église avec un beau piano à queue et un beau son et j’ai dit : «c’est pas ce que je veux. Ces pièces-là sont composées chez nous au piano. J’ai un petit zoom qui enregistre mes trucs et qui capte tout. Je me suis dit : «on va prendre l’auditeur et on va l’asseoir sur le divan à côté et il va se laisser aller». On entend mes colocs, ou un klaxon, ce qui fait partie de la vie. Quand je fais des shows aussi c’est comme ça et c’est ça qui est le fun : les gens bougent, t’as des bruits de gens qui parlent et ça fait partie de la musique. C’est une forme de musique aussi.»

Le classique décomplexé

Jean-Michel et son label croient que son offre est assez accrocheuse pour agir à titre de porte d’entrée vers la musique classique pour les jeunes mélomanes friands de découvertes mais néophytes (ou presque) du genre.
     «J’ai l’impression que depuis quelques années il y a une ouverture qui fait que l’approche classique n’est plus réservée juste aux têtes grises. Moi, c’est un peu mon idéal aussi. Si dans une salle j’ai une grand-mère, mais j’ai des enfants et deux hipsters dans le coin, j’ai l’impression que je fais à la limite un travail de restructuration de classes sociales. Je pense que ma musique est accrocheuse et simple, mais quelqu’un qui connait la musique va être capable d’aller repérer d’autres éléments qui sont là mais qui sont pas nécessairement imposants : ok, là y’a un contrechamp, ok là le thème revient… Mais si tu connais pas, tu peux quand même l’apprécier. J’ai toujours voulu que ça puisse être lu à plusieurs niveaux. Et je pense que Arts & Crafts a compris ça.»
     Et si l’on se fie au succès du premier simple de «Il» Nostos, qui s’est retrouvé dans les palmarès de Spotify et Hypemachine lors de sa sortie, le pari d’élargir les horizons que se sont donné Jean-Michel et Arts & Crafts porte fruit.
     «C’est excitant de pas trop savoir qui va répondre, avoue Jean-Michel. Ça va-tu marcher ou pas? On le sait pas. C’est l’avenir qui va nous le dire. Tout est à repenser. Le public classique est hyper silencieux, assis, et n’applaudit pas entre les tounes quasiment.»
     VOIR: «Ça va peut-être changer».
     Jean-Michel: «Ben oui, j’espère!»

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